Oui l’éducation est vraiment une priorité en France

Les résultats de PISA n’étaient déjà pas brillants, un [rapport de l’UNICEF « Child well-being in rich countries »|/public/documents/unchildwellbeing.pdf] en 2007 confirme le diagnostic: si la France termine aussi mal classée, 16e sur 21, les mauvais résultats obtenus sur l’éducation, 18e place sur 21, en sont largement responsables. Un si mauvais résultat s’explique surtout par la grande proportion (15%) d’enfants en échec scolaire, abandonnés par le système autour de 15 ans. Ils le quittent et se retrouvent alors exposés à la marginalisation et à la précarité. Par ailleurs, 40% d’une classe d’âge s’attend à occuper des emplois peu qualifiés. Si l’on veut expliquer les émeutes de 2005 et la désespérance, voilà déjà un premier élément évident…

((/public/Images_billets/oui_l_education.JPG|oui_l_education.jpeg|R|oui_l_education.JPG, juil. 2009))Une autre dimension de l’enquête confirme ce mal-être de la jeunesse: nous sommes aussi en 18e position pour le sentiment subjectif de bien être, en 14e position pour les conduites à risques (drogues, alcool, suicides), en 12e position pour la qualité de la vie de famille et des relations aux autres. Pour le reste, nous sommes tout juste dans la moyenne, avec une assez bonne performance dans le domaine de la santé: 7e place. L’étude prend en compte trois dimensions du bien-être éducatif: – les compétences en lecture, mathématiques et sciences à 15 ans. – la proportion des 15-19 ans qui sont toujours scolarisés – les perspectives à la sortie du système éducatif: proportion des 15-19 ans qui ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni avec un emploi, et la proportion d’enfants de 15 ans qui estimpent qu’ils n’occuperont que des emplois non qualifiés. Pour le premier critère, l’enquête PISA de 2003 sert de référence. La France est tout juste à la moyenne et se situe à la 13e place. Pas glorieux, mais pas catastrophique non plus. On peut naturellement discuter la méthodologie de PISA: l’enquête ne prend pas en compte l’histoire et la géographie ou les langues (heureusement peut-être pour les langues), les questions sont peu familières pour des élèves français habitués à d’autres exercices, etc. Pour être tout à fait honnête, je ne me suis jamais reconnue dans une telle enquête, j’ai toujours eu l’impression d’avoir des élèves français plutôt plus cultivés et astucieux que la moyenne des élèves étrangers, des professeurs (ou futurs professeurs) plutôt plus qualifiés, le concours du premier degré, le CAPES et l’agrégation ne sont pas particulièrement faciles par rapport à leurs équivelents étrangers, etc. Alors où est l’erreur? C’est sans aucun doute une erreur de perspective: le système sélectionne les bons élèves, et fait disparâitre les autres, rien de surprenant donc à ne retrouver que de bons élèves dans les IUFM; les universités et les grandes écoles. Mais que sont devenus les autres? Voilà ce qui explique la mauvaise moyenne: le bon score des bons élèves est plombé par les ceux qui sont en échec scolaire. C’est là que notre système est misérable, la suite de l’enquête de l’UNICEF le confirme. Sur le second critère, la France est en 4e position avec environ 85% des 15-19 ans en scolarisés ou en formation en alternance. Jusque là tout va bien. Mais le troisième critère vient noircir le tableau: presque 15% des 15)19 ans ne sont ni employés, ni scolarisés, ni en formation, ce qui nous place à la 21e et dernière place du classement ! Encore plus préoccupant, plus de 40% des enfants de 15 ans ont une perspective d’emplois sans qualification (20e place, avant le Japon, 50%). Le rapport commente (je traduis): Les élèves qui quittent la formation ou l’emploi sont clairement plus exposés à la marginalisation et à l’exclusion. Le graphique 3.3a est donc inquiétant pour les pays en bas du tableau, dont la France et l’Italie. Un pourcentage élevé d’enfants de 15 ans qui s’attendent à des emplois non-qualifiés est une source d’inquiétude sur des marchés du travail où les emplois peu qualifiés sont menacés par la délocalisation et/ou l’innovation technologique. Dans des pays comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, la proportion de jeunes qui s’attend à des emplois peu qualifiés est supérieure à 30%, au Etats-Unis de moins de 15%. Reste à regretter que l’enquête ne prenne pas en compte la petite enfance (1-2 ans) et les classes maternelles (3-6 ans) qui auraient probablement amélioré le classement de la France. Le rapport note qu’il n’existerait pas de chiffres harmonisés pour une telle étude. Mais par chance, l’enquête ne s’intéresse pas à l’enseignement supérieur, l’échec dans nos universités et le faible investissement public par étudiant (l’Etat dépense pour un étudiant la moitié d’un lycéen) ne nous aurait certainement pas fait gagner des places. Seul bon point peut-être, les frais d’inscription modestes ?

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