Qui a peur de Davos?

L’absence de personnalités politiques françaises au forum de Davos a été remarquée par plusieurs journaux. Alors que Tony Blair ou Angela Merkel ont pris la peine de s’y déplacer pour y réfléchir à l’avenir du continent européen et du monde, pour y exposer leur vision politique, aucun de nos élus ou de nos candidats n’a fait le déplacement. Certes il s’agit d’un forum avant tout économique, mais c’est une formidable occasion de discussions plus ou moins informelles avec des dirigeants ou des experts du reste du monde. Une occasion de changer de perspective, de s’arracher aux problématiques étroitement franco-françaises.

((/public/Images_billets/qui_a_peur_de_davos.jpg|qui_a_peur_de_davos.jpg|R|qui_a_peur_de_davos.jpg, juil. 2009)) Organiser un petit déjeuner entre Blair, Merkel et d’autres premiers ministres européens est partout d’une complexité redoutable, sauf dans le cadre de ce genre de forum. A Davos, une telle réunion peut rester relativement informelle et permettre une première discussion exploratoire, plus ouverte qu’une réunion officielle. On aurait pourtant rêvé que quelques candidats français passent par Davos pour discuter avec la présidence allemande de l’Union de leurs choix européens après leur éventuelle élection, ou encore de politiques économiques ou énergétiques communes à l’intérieur de l’Europe. Ce cadre informel aurait été idéal pour des gens qui ne sont encore que candidats. Il est essentiel à la réussite de la présidence allemande (et à la réussite de l’Union Européenne) de pouvoir anticiper les intentions des candidats de manière à préparer des propositions claires immédiatement après l’élection présidentielle française. L’autre message négatif que renvoie cette absence française, c’est l’extraordinaire frilosité des candidats face à la mondialisation et à l’économie de marché. Est-ce en refusant la confrontation et la discussion que la position française peut se renforcer? N’ont-ils donc aucun message à porter? Je comprends que les candidats ne soient pas invités, mais parmi eux, ceux qui sont au gouvernement auraient dû se trouver à Davos avec leurs collègues européens. Monsieur Sarkozy prend des vacances à Davos, ce qui n’est pas un mauvais choix, mais pourquoi n’y retourne-t-il pas quand il serait de son devoir d’aller y représenter la France? Est-il si préoccupé de séduire un « peuple » fantasmé dans ses discours qu’il ne s’assume plus comme l’homme de droite que l’on attendrait, clairement engagé contre l’ISF et pour une économie de marché? Enfin cette absence traduit la relative perte d’audience et d’influence de la France sur la scène mondiale, hélas.

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