Faut-il se réjouir des résultats des élections en Serbie?

faut-il_se_rejouirFaut-il se réjouir du résultat? Les nationalistes, les héritiers de Milosevic, les anti-Européens, sont en tête, mais leur pouvoir de nuisance est limité: ce sont les pro-Européens qui ont la majorité à la chambre, le gouvernement Serbe devrait donc être dominé par personnes qui cherchent à intégrer la Serbie dans l’ensemble européen au lieu de provoquer une aventure vers on ne sait trop quel destin dangereux. Cependant, les résultats des nationalistes les rendent légitimes dans un gouvernement de coalition, et le camp des démocrates n’est pas à l’abri des querelles. Quelle sera la politique de la Serbie dans ce cas?

Si à Bruxelles la carte des derniers élargissement présente la Serbie comme un candidat naturel, avec la Bosnie, et un Kosovo mystérieux dont on ne montre que le nom, sans drapeau comme les autres pays, il reste beaucoup de questions sur l’avenir de la Serbie. Que deviendra le Kosovo? Les institutions européennes penchent visiblement pour un Kosovo indépendant, mais cette solution est-elle acceptable pour la Serbie dont une partie de la population ne se sent visiblement pas très europhile? Un Kosovo indépendant est-il souhaitable, peut-on trouver des dirigeants kosovars capables d’oeuvrer pour la paix et la prospérité de leurs pays et de garantir la sécurité de tous les habitants, quelle que soit leur origine et leur religion? Je ne doute pas que l’on puisse trouver des Kosovars de bonne volonté, mais sont-ils en mesure de s’imposer là où l’ONU peine à maintenir l’ordre et protéger les Serbes de Pristina? On a peu parlé des nettoyages ethniques contre les Serbes, en réprésailles des nettoyages de Milosevic, ou des destructions d’églises orthodoxes qui font pourtant la une des journaux serbes, ou des activités mafieuses qui trouvent un terrain trop favorable dans ce pays meurtri. Il faut pourtant sortir de ce conflit, le Kosovo ne peut éternellement rester sous tutelle internationale. Que veut la Serbie? Le développement a ses laissés pour compte, jeunes sans emploi, retraités aux pensions ridicules, développement d’inégalités criantes et de l’économie grise, luxe inexplicable des uns et misère irrémédiable des autres. Ce sont les troupes idéales des mouvements nationalistes qui alimentent la nostalgie de la grande Serbie. La Russie ne doit pas manquer d’entretenir habilement le mouvement qui affaiblit l’Europe, représente une victoire idéologique pour elle, elle retrouverait sans doute avec plaisir un bon partenaire de sa gouvernance corrompue et dictatoriale comme pouvait l’être Milosevic. D’ailleurs entre Milosevic et Poutine, il y a une certaine continuité des méthodes de gouvernement: pillage de l’économie, corruption, guerre et nationalisme pour se maintenir au pouvoir, création de peuples parias sur lesquels se déverse la vindicte populaire. Le plus bizarre pour nous est qu’une partie de la population approuve et même aime ce genre de gouvernement. La propagande est habile et sait quelles fibres toucher. La Serbie a été bombardée et humiliée, alors qu’elle se considérait comme la république la plus avancée de la fédération yougoslave, le modèle, celle qui aurait dû rentrer la première en Europe. Et maintenant? La Bosnie parait presque en meilleure voie sur le chemin de l’intégration européenne ! Il est essentiel de redonner confiance aux Serbes et de ne pas les laisser succomber aux nostalgies nationalistes. Un simple coup d’oeil à la carte laisse présager au devant de quels problème nous irions si la Serbie refusait de jouer le jeu de l’apaisement et de la normalisation.

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