Good bye Balladur

Simone Veil réapparait à soixante dix-neuf ans, après neuf ans d’éloignement de la vie politique. Elle en était si éloignée au Conseil Constititutionnel qu’elle semble ne pas avoir remarqué que l’UDF ne gouverne plus avec le RPR dans une équipe Balladur. Elle semble retrouver la même équipe comme si rien n’était arrivé entre temps et remarque à juste titre que tous les gens qu’elle connaissait sont à l’UMP. C’est tout à fait juste, les barons de l’UDF sont passés à l’UMP en 2002, mais justement, ils ne sont plus l’UDF ! Même avec de la bonne volonté, la suite de son discours ne frappe pas par sa cohérence: dire que Bayrou ne représente que lui-même quand il est entre 20 et 24% dans les sondages est assez fort de café.

((/public/Images_billets/good_bye.jpg|good_bye.jpg|R|good_bye.jpg, juil. 2009))Elle ajoute ensuite qu’on la trouvait toujours un peu trop à gauche à l’UDF sur des sujets comme l’immigration et la parité, ce qui la pousse à se rallier à l’UMP, le jour où Sarkozy lance son idée de « Ministère de l’immigration et de l’identité nationale » et continue les expulsions des gens qui avaient déposé des demandes de régularisation en confiance. Quant à la parité, les parlementaires UMP ne s’en préoccupent visiblement pas beaucoup et préfèrent payer plutôt que de présenter des femmes. Je ne vois pas beaucoup de femmes ministres non plus, surtout dans des ministères importants, à part Michèle Alliot-Marie, c’est probablement le gouvernement qui comporte le moins de femmes depuis longtemps. C’est bizarrement au moment où l’UDF serait la plus proche de ses idées sur la parité et l’immigration, la plus proche sur le positionnement très au centre, qu’elle change de camp. Cherchez l’erreur. Comment Sarkozy peut-il imaginer gagner la moindre voix en prenant à ce point les gens pour des idiots ? Comme peut-il imaginer que sa collection de personnalités d’une autre époque crédibilise son discours de rupture et d’orientation vers l’avenir? Le discours de Nicolas Sarkozy n’est même pas incohérent, il ne veut carrément rien dire. A part les amabilités d’usage, il déclare vouloir « parler directement aux Français, sans intermédiaires », avec « Simone », phrase qu’il répète plusieurs fois. Je ne sais pas exactement ce que cela peut signifier quand je vois la meute de journalistes au pied de l’escalier du siège de l’UMP et la mise en scène qui se veut visiblement savante: sur les dernières marches de l’escalier, dominant la foule, Simone et Nicolas font leur déclaration comme s’ils sortaient à l’improviste de leur déjeuner, on devine en bas à droite de l’image, une meute de journalistes. Cette position dominante exprime tout sauf la proximité et elle présente des inconvénients: sur la video diffusée sur le site de l’UMP, on voit Simone Veil, hésitante, les yeux baissés, faire sa déclaration surréaliste, l’air de se réveiller de neuf années de sommeil. Sans le vouloir, Simone Veil renforce la stratégie de Bayrou: elle ne fait pas autre chose que déclarer que l’UDF n’est plus ce qu’elle était il y a neuf ans, qu’elle a changé et n’est plus l’alliée systématique du RPR, ce que répète Bayrou à une gauche incrédule. Sans le vouloir, elle confirme que la stratégie de Bayrou est bien une stratégie de rupture, et pas de la poudre aux yeux. Elle confirme aussi que la jeunesse est à l’UDF, quand les mammouths ont choisi l’UMP. Vous remarquerez qu’elle retrouve la vielle garde, celle avec laquelle elle a travaillé de 1974 à 1998, mais pas un seul jeune. Seul point intéressant de son discours: l’idée qu’il faut une gauche et une droite pour qu’une alternance puisse exister, c’est un argument de poids, mais elle feint de croire que Bayrou gouvernera avec toutes les bonnes volontés de tous les horizons, sans projet, ce qui est totalement faux. Son gouvernement ne rassemblerait pas n’importe qui, mais des personnes qui adhèrent à un projet précis, celui qui est décrit dans Projet d’espoir. Il n’empèche aucune alternance vers un autre projet politique, dans quelques années. Comment ne voit-elle pas que ce sont plutôt l’UMP et le PS qui sont des agrégations de personnes aux avis divergents, sans aucun projet? Faire cohabiter des idées du FN avec des idées au centre, est-ce bien crédible? La proposition de Bayrou de rassembler centre-gauche et centre-droit peut fonctionner, pas celle de rassembler extrême-gauche et centre-gauche ou extreme-droite et centre-droit. Ce sont là les grands écarts qui minent la cohérence des programmes UMP ou PS, qui reprennent discrètement le thème du rassemblement des compétences, mais qui ne trompent pas grand monde avec cette peau de mouton.

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